Sâdhanâ

12/10/2014 16:13

Par Rabindranâth Tagore

Spiritualité vivantes

Chez Albin Michel

 

Le problème du moi

Pages : 91 et 92

 

 Ainsi cet amour de Dieu, dans lequel notre moi a pris sa forme, a séparé ce moi de Dieu ; et c’est encore l’amour de Dieu qui amène la réconciliation et unit Dieu avec notre moi malgré la séparation. C’est pourquoi notre moi doit passer par des renouvellements sans fin, car il ne peut maintenir éternellement son attitude d’isolement. L’isolement est la limite à laquelle il trouve une barrière, et d’où il revient encore et toujours à sa source infinie. Notre moi doit sans cesse dépouiller son âge, rejeter ses limites dans l’oubli et dans la mort afin de réaliser son immortelle jeunesse. Sa personnalité doit à mainte reprise se fondre dans l’universel, et même en fait le traverser à chaque instant, ne serait-ce que pour rafraîchir sa vie individuelle. Il doit suivre le rythme éternel et prendre contact à chaque pas avec l’unité fondamentale, et ainsi maintenir sa séparation équilibrée dans la force et la beauté.

 

Réalisation dans l’amour

Page : 99

 

 Ce principe d’unité est le mystère des mystères. L’existence d’une dualité pose immédiatement à notre esprit une question, et nous en cherchons la solution dans l’Un. Lorsque nous découvrons finalement un rapport entre les deux éléments, et qu’ainsi nous les voyons comme faisant qu’un en essence, nous sentons que nous sommes parvenus à la vérité. Et nous énonçons alors ce paradoxe étonnant entre tous : l’Un apparaît comme multiple, l’apparence est l’opposé de la vérité, et pourtant lui est inséparablement reliée.