Les Epitres Théosophiques
Jacob Böhme aux éditions du Rocher
Douzième épitre : 35/36/37. Pages 202, 203.
35. Je ne juge personne. Faux bavardage que la condamnation ! C’est l’Esprit de Dieu qui juge de tout. S’il est en nous, que nous fions-nous longuement au bavardage ? Je préfère me réjouir des dons de mes frères. Dois-je les juger, si le don qui a inspiré leur expression a été différent du mien ?
36. Est-ce qu’une plante, est-ce qu’une fleur, est-ce qu’un arbre disent à leurs voisins : « Tu es aigre et ténébreux, je ne puis demeurer à tes côtés ! » N’ont-ils pas tous la même mère, source unique ? De même toutes les âmes viennent d’une âme unique, tous les hommes d’un homme unique. Que ne nous vantons-nous d’être les enfants de Dieu, quand nous avons moins d’intelligence que les fleurs et la plante des champs ? Dieu ne révèle-t-il pas de même et aussi en nous sa Sagesse ? Dans la terre, par la terre, il révèle par de belles pousses la teinture de ce qui est caché. Il en va de même en nous, hommes. Nous devrions plutôt nous aimer de tout cœur, nous féliciter de ce que Dieu révèle en nous sa Sagesse avec une telle diversité. Quant à celui qui juge et qui condamne, suivant la voie impie, qui ne cherche qu’à se faire voir par orgueil, il est le meneur de Babel, et une roue en mouvement qui ne fait que gonfler la querelle.
37. Il est une preuve véritable des enfants de Dieu, que l’on peut suivre en toute certitude : un cœur humble, qui ne se cherche pas, qui ne se glorifie pas, qui ne cesse de chercher son frère dans l’amour, qui ne cherche ni son profit ni son honneur propre, mais la justice et la crainte de Dieu ! La voici la voie vraie et toute simple qui pour autant que je la connaisse, permet de parvenir à Dieu : que l’homme se détache de ses péchés commis, et qu’il nourrisse le sérieux projet de ne jamais y retomber, sans douter de ses capacités de détachement.