Le GRAND SECRET de Maurice MAETERLINCK

10/10/2021 16:17

Bibliothèque-CHARPENTIER

L’INDE : pages 24 et 25

Écoutons ensuite le Sama-Véda confirmer et développer ce magnifique aveu d’ignorance :

« Si tu dis : Je connais parfaitement l’Être suprême, tu te trompes ; qui pourrait dénombrer ses attributs ? Si tu dis : Je pense le connaître, non que je croie ne le connaître parfaitement ni ne pas le connaître du tout, mais je le connais partiellement ; car celui qui connaît toutes les manifestations des dieux qui procèdent de lui, connaît l’Être suprême, si tu dis cela tu te trompes, ce n’est pas le connaître que de ne pas l’ignorer entièrement. 

« Celui, au contraire, qui croit ne pas le connaître, c’est celui qui le connaît ; et celui qui croit le connaître, c’est celui qui ne le connaît pas. Il est regardé comme incompréhensible par ceux qui l’ignorent entièrement. »

A cet agnosticisme fondamental, l’Yadjour-Véda vient ajouter son panthéisme total.

« Le sage fixe ses regards sur cet être mystérieux dans lequel existe perpétuellement l’univers qui n’a pas d’autre base que Lui. En Lui ce monde est enfermé, c’est de Lui que ce monde est sorti. Il est enlacé et tissu dans toutes les créatures sous les diverses formes de l’existence.

« Cet être unique, que rien ne peut atteindre, est plus rapide que la pensée ; et les dieux eux-mêmes ne peuvent comprendre ce moteur suprême qui les à tous devancés. Il est loin et près de toutes choses. Il remplit cet univers entier et le dépasse encore infiniment.

« Quand l’homme sait voir tous les êtres dans ce Suprême Esprit, et ce Suprême Esprit dans tous les êtres, il ne peut plus dédaigner quoique ce soit.

« Ils sont tombés dans une nuit bien profonde ceux qui ne croient pas à l’identité des êtres ; Ils sont tombés dans une nuit bien plus profonde encore ceux qui ne croient qu’à leur identité.

« Il gagne d’être immortel celui qui croit à l’identité éternelle des êtres.

« Tous les êtres sont dans ce Suprême Esprit et ce Suprême Esprit est dans tous les êtres.

« Les êtres lui apparaissent tels qu’ils furent de toute éternité, toujours semblables à eux-mêmes. »