Le Crépuscule celtique
Par William Butler Yeats - 1902
Traduction de Guy Chain, aux éditions La Part Commune
Les Infatigables : pages 118
C’est l’un des grands désagréments de la vie que nous ne puissions connaître d’émotions sans mélange. Il y a toujours quelque chose que nous aimons chez notre ennemi et toujours quelque chose que nous détestons chez notre bien-aimée. C’est cet enchevêtrement des sentiments qui nous fait vieillir, qui nous fait plisser le front et creuse les rides autour de nos yeux. Si nous pouvions aimer et haïr d’aussi bon cœur que les Fées, nous pourrions vivre aussi longtemps qu’elles. Mais jusqu’à ce jour, leurs joies et leurs peines inépuisables constituent toujours la moitié de leur fascination. Avec elles, l’amour ne se lasse jamais et le cycle des étoiles ne saurait fatiguer leurs pieds de danser.