John TOLAND (1670-1722) Un des modernes

08/02/2015 17:13

Quand une pensée oubliée du XVIIIe siècle devient nécessaire au XXIe siècle.

Par Régis Blanchet et Pierre Danlot. Aux éditions du PRIEURE. Collection Le Jardin des Dragons n°16.

Contextes historique et philosophique des années 1700-1720 par Régis Blanchet. Pages 115 et 116.

 

«  Il nous faut apprendre l’univers avec humilité et travail, susurre Toland à nos oreilles, car ce n’est que de cette manière que nous pourrons forger une humanité harmonieuse. L’univers nous donne l’exemple, continue-t-il, regardez-le, soupesez-le, mesurez-le, comprenez qu’il n’y a pas un temps mais des temps, suivant que l’on est minéral, végétal, animal ou homme. Tout ce qui paraît immobile n’est qu’un mouvement lent à l’extrême, mais un mouvement quand même ; l’univers est un point étendu à l’infini qui ne possède pas de centre mais qui englobe tout en tant que corps même de la divinité.

 Bien avant Lavoisier, Toland affirme que rien ne se perd et que rien ne se crée alors que tout se transforme. L’homme doit ravaler sa mortelle vanité et accepter la petitesse de sa condition au sein du monde éternel afin d’en expurger la réelle grandeur par l’activation de cette parcelle des dieux en lui, de cette partie incompressible de l’être, l’être dans son essence. Pour lui, la philosophie est la voie royale pour une telle alchimie spirituelle, et le travail assidu le moyen de la mettre en œuvre.

 Travaillez, travaillez, reprend Toland du fond de sa tombe, rien ne doit vous  échapper. Lisez les Anciens, mais aussi tous les essais sur les avancées scientifiques de votre temps. Si la science contredit fermement votre croyance, alors quittez votre croyance et suivez la science qui est une des formes de philosophie appliquée dans le monde. En un mot, devenez philosophe vous-mêmes, non pas pour dégoiser en public afin de vous faire plaisir, mais pour vous imposer un plan de travail et d’expérimentation devant occuper jusqu’au dernier jour de votre vie. Le jour où vous arrêterez de travailler sur l’univers et sur vous-même, vous mourrez sûrement qu’en vous jetant du haut d’une falaise. »